En France, la démographie et les habitudes alimentaires évoluent.
Du fait de ces évolutions, l'offre alimentaire devient de plus
en plus individualisée. Il apparaît alors intéressant de connaître
le comportement alimentaire d'un individu selon sa génération. Les
nouvelles tendances de consommation correspondent-elles à toutes
les générations ? Et les tendances qui marquent les nouvelles
générations sont-elles nutritionnellement correctes ?
À chaque génération son comportement alimentaire Le CREDOC
(Centre de Recherche pour l'Etude et l'Observation des Conditions
de vie) définit une génération dans le domaine alimentaire par le
comportement qu'elle adopte à 25 ans. Une génération est marquée
par le comportement qu'elle adopte à cet âge-là, parce que c'est
l'âge moyen de la mise en couple. - La génération " privation "
concerne ceux qui ont entre 90 et 99 ans. Ils ont eu 25 ans entre
1932 et 1941, périodes de crises et de guerre. Leur comportement
se caractérise par la consommation de pommes de terre.
- La génération " rationnement " est représentée par les individus
qui ont entre 80 et 89 ans. Ils ont eu 25 ans entre 1942 et 1951.
Leur comportement est assez proche de la génération
précédente. - La génération " réfrigérateurs " regroupe
les personnes qui ont entre 70 et 79 ans et ont eu 25 ans entre
1952 et 1961. À cette période, le réfrigérateur a révolutionné la
conservation des aliments. - La génération " robot ménagers "
est celle des personnes qui ont entre 60 et 69 ans. Leurs 25 ans,
entre 1962 et 1971, ont coïncidé avec le développement de produits
exotiques et le gain de temps dans la préparation des repas.
- La génération " hypermarchés " comprend les Français de 50
à 59 ans. Ils ont eu 25 ans entre 1972 et 1981, époque du
développement des hypermarchés, que cette génération fréquente
volontiers. La durée de préparation des repas diminue surtout à
partir de cette génération. - La génération " aliments
service " correspond à ceux qui ont 40 à 49 ans et qui ont eu 25
ans entre 1982 et 1991. C'est à cette époque qu'ils ont pris
l'habitude de consommer des plats préparés afin de consacrer plus
de temps à d'autres activités que la cuisine. - La
génération " hard discount " concerne les individus de 30 à 39
ans. Ils ont fêté leurs 25 ans entre 1992 et 2001. Ils sont moins
fidèles aux marques et davantage concentrés sur le rapport qualité
/ prix.
À chaque génération, de nouvelles tendances de
consommation Le baromètre du CREDOC 1998-2004 sur les comportements
alimentaires des Français et les données de l'INSEE sur les
dépenses alimentaires de 1971 à 2001 permettent de distinguer
effets d'âges et effets de générations sur les modifications des
habitudes alimentaires. … L'effet d'âge prend en considération
l'âge de la cible aujourd'hui. Dans ce cas, la tendance qui lui
est attribuée ne l'intéressera plus ou l'intéressera davantage en
vieillissant. ou … L'effet de génération prend en
considération les tendances de consommation alimentaire à l'âge de
25 ans de la cible. La tendance concernera toujours notre cible
quand elle vieillira. Pour les industriels, il est intéressant
de savoir si les tendances exploitées correspondent à un effet
d'âge ou à un effet de génération. Parmi les nouvelles
tendances, on trouve :
Moins de régularité dans l'horaire du repas L'heure
du dîner est de moins en moins la même chaque soir. Aujourd'hui,
elle s'étale entre 18h45 et 21 h45. Pour le CREDOC, il s'agit
davantage d'un effet de génération que de cycle de vie (lié à
l'âge). Au même âge (25 ans), le pourcentage des individus ne
dînant pas à heure fixe est 3 fois plus important pour la
génération " hard discount " que pour celle de ses grands parents
(génération " réfrigérateurs ").
Un développement du plateau-repas au détriment de la
table Le " plateau-repas (le fait de ne pas manger à table)
au moins une fois par semaine " est une pratique qui concerne un
ménage sur deux en 2003. Elle ne concernait qu'un tiers des
ménages en 1995. Les Parisiens, les personnes seules, les familles
monoparentales et les jeunes sont les plus grands adeptes.
Il s'agit encore d'un effet de génération. 62 % des individus
de la génération " hard discount " font des plateaux-repas contre
30 % de leurs grands parents au même âge.
Un essor des produits exotiques La consommation des
produits exotiques diminue avec l'âge uniquement chez les plus de
70 ans. L'effet de génération apparaît avec la génération " robot
ménagers " (qui ont entre 60 et 69 ans). Autrement dit, les moins
de 70 ans apprécient ce type de produits et cette tendance ne
diminue pas au fur et à mesure qu'ils vieillissent.
Une croissance des produits transformés L'offre et la
demande des produits " prêts à consommer " connaissent une
croissance importante. Ceci est dû à un double effet, d'âge et de
génération. Non seulement les nouvelles générations consomment
davantage ce type de produits, mais en plus, ils en consomment
davantage à mesure qu'ils vieillissent. Les générations récentes
devraient ainsi privilégier les produits transformés, plats
préparés et conserves, au détriment des produits frais.
Le point de vue nutrition de ces nouvelles tendances
alimentaires Vos souhaitez suivre la vague des tendances qui
marquent les générations précoces. Vous souhaitez y associer la
tendance du " nutritionnellement correct " qui les préoccupent
également. Voyons alors comment les associer sans vous
tromper.
Moins de régularité dans l'horaire du repas
L'intérêt de faire 3 repas structurés par jour pour équilibrer
l'alimentation n'est plus à démontrer. Manger chaque jour, à
heures régulières, permet à l'organisme d'avoir ses repères. Cela
permet aussi de structurer l'alimentation et d'empêcher ainsi le
grignotage et la perte des traditions culinaires. Il convient
alors, tant que faire ce peut, d'orienter les nouvelles
générations vers plus de régularité dans les horaires des repas.
Développement du plateau-repas au détriment de la table
Selon TNS Sofres, en 2005, le nombre de foyers français composés
d'une seule personne a dépassé celui des foyers de deux personnes.
La part des familles nombreuses décroît. Ceci tend à éloigner les
repas de la table. En famille, l'intérêt nutritionnel des repas à
table est de favoriser la convivialité. Pour les personnes seules,
cela évite de s'adonner à une autre activité en mangeant (lecture,
télévision) ce qui les rend moins réceptif aux signaux de faim et
de satiété.
Essor des produits exotiques Ces produits contribuent
à diversifier l'alimentation. La découverte de nouvelles saveurs
apporte autant d'occasions de développer le goût, notamment ches
les enfants. Les produits d'ailleurs permettent de découvrir des
épices, des herbes aromatiques, des associations, des modes de
cuissons et des ingrédients. Ces nouveautés gastronomiques peuvent
jouer un rôle dans l'adoption d'une façon de cuisiner, plus légère
ou plus variée. Les épices et les aromates permettent par
exemple, d'agrémenter nos plats sans les enrichir de sauces trop
grasses.
Croissance des produits transformés Conserves et
plats préparés apportent un gain de temps et permettent de varier
facilement l'alimentation. De ce point de vue, ils ont un rôle
positif dans l'équilibre alimentaire car ils permettent au
consommateur de faire un " vrai " repas plutôt que de grignoter ou
de sauter un repas lorsqu'il manque de temps. D'un autre côté, on
ne maîtrise pas toujours, ni le mode de préparation, ni les
ingrédients utilisés. Certains produits sont parfois très riches
en lipides ou n'apportent pas suffisamment de légumes ou de
féculents. Ils ne permettent donc pas systématiquement de suivre
les recommandations nutritionnelles. Dans le cadre du PNNS II, il
est question d'améliorer la qualité de l'offre alimentaire en
veillant particulièrement à la composition de ces produits.
Selon LSA, le mythe de la ménagère de moins de cinquante ans
n'est peut-être plus le modèle à suivre. L'effet des évolutions
démographiques doit aussi être pris en compte. Nous pouvons vous
accompagner dans vos réflexions en matière de nutrition pour que
votre offre corresponde aux attentes des nouvelles générations
tout en suivant la tendance santé.
Sources : CREDOC Consommation et modes de vie
N°196 Septembre 2006. LSA - supplément au
N°1969-1970 12 octobre 2006. |